Concert lecture, nous sommes dans le Théâtre de la maison de la culture Le Corbusier de Firminy, pour un concert lecture de Festy Vocal. Une forme de conférence où Mme Badol Bertrand va parler de 1000 ans d'histoire de la musique sacrée, et où le chœur va donner vie, aux propos énoncés. Je prétends, que ce fut un merveilleux cours. Une expérience d'enseignement de haute volée. Une situation ou des intuitions qui m'habitaient ont pris forme en pensées et hypothèses qui s'énoncent.
Parmi les intuitions qui vont se développer ce soir là, en
voici deux que je peux aujourd'hui exprimer:
-
Depuis un an que je chante dans un Chœur, sous la direction de G.Dumas, je me retrouve élève, serein, mais complètement élève. Et chose
curieuse, je ne vis pas ça comme une régression et le statut d'institutrice de
la chef ne me suffit pas à expliquer la chose.
- Depuis
que je prends des photos en conditions de répétition et de
concert de Chœur Ondaine, je suis surpris de la possibilité d'y puiser des
images à ressort iconique, que je replace plutôt XI-XIV °siècle roman ou byzantin. Ce fut encore plus fort ce soir là.
Dans le
flot de que j'ai capté du discours de Mme Badol Bertrand, voilà quelque bribes qui m'ont aidé à énoncer ces intuitions et à pousser un peu le raisonnement:
Il est
des révolutions qui ont bouleversé l'humanité, chacun le sait. L'imprimerie est
un lieu commun de ces révolutions, mais je n'avais pas pensé que la musique
aussi était écrite et que ça allait aider à sa diffusion. Ça m'a du coup
ramener à l'idée que si révolution il y a eut, c'est parce que des fondamentaux
telle que l'écriture, existaient.
La
photographie je le crois fait partie de ces
révolutions, et pour la première fois j'envisage que ses fondamentaux "occidentaux"
se trouveraient dès la peinture antique
et les programmes iconographiques
chrétien.
En ce
qui concerne les réformes protestantes, je savais de mon côté que
l'iconographie était lieu de fracture, mais apprendre que chez certains protestants,
la musique était elle aussi bannie du lieu de culte m'a frappé. Cela me renseigne clairement sur une communauté de perception de ces deux moyens
d'expression, qui seraient suspectés de tromper plutôt que d'instruire.
En
regardant les images de concert produite, en les associant à cette musique, aujourd'hui,
je me démystifie un peu ces icônes
romanes ou byzantines. En considérant
qu'elles portent en elles une attitude
encore visible sur des choristes aujourd'hui, j'en déduis qu'elles ne
faisaient à leur manière que " rapporter fidèlement" une réalité
visible avec, bien évidemment, l'alchimie de leur moyen plastique.
Apprendre
que la première classe qui a existé en occident, est une classe de musique a
été comme une évidence. Cela m'a ramené
immédiatement à la question de l'exigence. En premier lieu, viscéralement,
celle de l'enseignant, qui se voulant efficient et se rattachant certainement à
une tradition, confond la sienne et la
mienne pour mon bien croit-il. En second lieu, à
mon expérience d'élève d'aujourd'hui, qui -enfin- utilise sa propre exigence pour la mettre au service de la
musique. Car la musique me demande de l'exigence. Les conditions pour que
j'accepte de la lui offrir m'appartiennent, et j'ai trouvé ces conditions à Chœur Ondaine.
Dans les fondamentaux de l'enseignement il y aurait cette première classe de musique dont je perçois les traces aujourd'hui. Si je pense à la classe d'école contemporaine (qui m'est contemporaine), est-elle
construite comme cette première classe de musique? La comparaison me parait intéressante, avec la
question du déplacement de l'exigence que demande la musique.
A l'issu de ce concert, et après une nuit de sommeil je
perçois mieux les liens entre l'image et
la musique et je comprends mieux leurs affinités. Associer les caractéristiques
iconiques du XI avec la musique de cette
époque et l'expérience qu'encore aujourd'hui cette musique provoque sur les individus, me parle de leurs complémentarités
en terme d'enseignement. Les deux étaient utilisées conjointement voir simultanément.
Elles sont de plus deux moyens de transmission qui ont
inquiété des clergés qui se sont réformés contre elles. Chacune d'elle parle
très directement au corps sans passer forcément par l'intellect, et peuvent amener
des interprétations hâtives et erronées que le collectif peut s'approprier et imposer.
Il y a une vigilance à porter sur l'utilisation de ces média, mais il ne faut
pas être dans une exigence déplacée, ni le faire sûre de son autorité.
Voilà aujourd'hui
les réflexion qui me traversent au
lendemain de ce concert lecture et du résultat de ces élections outre
atlantique. Il y avait des gens qui travaillent honnêtement à cette vigilance, hier au soir et l'expérience de leur enseignement me porte plus loin que leur propos.
Et si je devais garder une leçon de cette expérience, ça reste la qualité d'écoute de l'enseignant.
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